Histoires de jeunesses

Valérie Fournier, Présidente d'Habitat en Région

Jeunesse oblige

Les jeunes semblent des candidats idéaux au logement social : leurs revenus sont irréguliers et souvent faibles, leur situation sociale naturellement instable. Or, les chiffres le révèlent, ils sont en fait de moins en moins nombreux à y entrer. Si quelque 30% de nos locataires étaient des jeunes il y a trente ans, ils ne sont plus aujourd’hui que 8 %... Pour qui se veut acteur de cohésion sociale, ce paradoxe interroge : comment laisser de côté la population qui, par définition, représente l’avenir même de notre société ? Cette question, toutes les entreprises d’Habitat en Région se la sont bien sûr posée. Le présent rapport d’activité, qui rassemble leurs initiatives, en constitue à la fois la preuve et le témoin.

 

Même si elle y est naturellement présente, la question du logement n’est d’ailleurs pas le sujet premier. Tous nos bailleurs considèrent en effet l’instant où un jeune prend possession de son logement comme l’aboutissement d’une longue démarche dont ils sont, au moins en partie, des chevilles ouvrières : depuis le plus jeune âge, celui des premiers pas, à l’insertion professionnelle et l’entrée « officielle » dans la société. La structure même de ce rapport d’activité conçu dans le fil exploratoire de celui de 2018 – « La cohésion sociale en question(s) » – reflète d’ailleurs ce « parcours » de l’école à l’emploi, qui passe par tous les stades d’apprentissage de la vie citoyenne au sein d’un quartier qu’ils doivent un jour pouvoir quitter ou continuer d’habiter, en toute liberté.

 

Cette logique d’appréhension systémique passe par la prise de conscience qu’il n’y a pas une, mais bien des jeunesses – donc pas une mais des réponses, adaptées à chaque cas. Certains jeunes connaissent des parcours de vie classiques et d’autres, plus erratiques. Force est donc de constater qu’il n’existe pas de solution unique, mais qu’elles sont au contraire multiples : résidences étudiantes parfois, studios (alors même que notre offre comprend majoritairement des logements familiaux) ou encore logements autonomes assortis de missions pour la collectivité... Notre objectif, en tant que bailleurs, c’est donc d’adapter notre offre pour répondre aux besoins de la jeunesse et à ses attentes – une attitude d’ajustement permanent à laquelle, structurellement, les bailleurs ne sont pourtant pas habitués. La nécessité sociale demande pourtant aujourd’hui que nous innovions, dépassant largement notre cœur de métier. Elle réclame que nous nous affranchissions une nouvelle fois de nos habitudes et d’abord que nous écoutions ces jeunes avant d’entamer avec eux un dialogue constructif. C’est ce que nous avons voulu signifier en inaugurant symboliquement chacun des chapitres de ce rapport d’activité par un

« portrait » de jeune dans lequel celui-ci prend la parole.

 

Soucieux de soutenir la jeune génération, de nous engager sur des projets que les intermédiations collectives n’assurent plus, nous prouvons jour après jour la force de notre Groupe. Collectivement, nous allons toujours plus loin comme en témoignent nos actions en faveur des stages de 3e à destination des jeunes des quartiers prioritaires ou notre investissement massif et récent dans les nouvelles cités éducatives. En nous associant avec les acteurs de terrain, nous impulsons dans tous nos territoires une dynamique participative, activant des rouages que l’on croyait à tout jamais grippés, et démontrons que les projets fonctionnent quand ils deviennent des projets communs. C’est ainsi : lorsque la cohésion des équipes rejoint la cohésion sociale, nous sommes dans le vrai. Notre mobilisation n’est pas seulement juste : elle est tout simplement nécessaire. Jeunesse oblige !