Histoires de jeunesses

Entretien avec Anthony Babkine

L'économie numérique doit être une chance pour tous

L’ascenseur social a du mal à fonctionner et les inégalités d’accès aux métiers du numérique ne font que le confirmer. Anthony Babkine, cofondateur de l’association Diversidays, entend contrarier les chiffres et le déterminisme…

Vous dirigez une association travaillant auprès des talents de quartiers et territoires ruraux. Quel peut être à vos yeux le rôle du numérique dans leur émancipation sociale ? 

 

Une étude que nous avons lancée en partenariat avec Pôle emploi et Occurrence en 2019 montre que les recherches d’emploi dans le numérique sont 30% plus faibles dans les Quartiers Prioritaires de la Ville et que les femmes y sont 5 fois moins représentées. Les créateurs d’entreprises dans le monde de la « tech » sont presque tous passés par les grandes écoles : pourquoi si peu de talents de la diversité choisissent-ils ces métiers ? Autocensure, manque d’information, de modèles ? Pour que le numérique devienne l’ascenseur social du XXIème siècle et s’ouvre à de nouveaux talents de tous âges, genres et origine, nous avons imaginé des dispositifs de proximité.

 

 

Que propose votre association ?

Notre dispositif d’accompagnement et d’accélération s’articule autour de trois axes. Le coaching individuel apporte à chacun des entrepreneurs l’accompagnement adapté. Le networking permet d’organiser des rencontres avec des entrepreneurs à succès, des décideurs de grands groupes, des élus du territoire et des fonds d’investissement. Enfin, un mentoring par un décideur d’un grand groupe ou un entrepreneur expérimenté peut être mis en place. En 2019, 40 entrepreneurs ont déjà été accompagnés. A la clé, des partenariats avec des institutions et entreprises, des levées de fonds, une visibilité renforcée etc.

 

 

Quels partenariats sont-ils possibles avec les bailleurs ?

Nous avons les mêmes publics : des collaborations sont toutes naturelles ! Comme l’opération « Lance ta boîte » mise en place avec Pôle emploi pour 150 femmes des quartiers par exemple : une initiation aux outils numériques, boutiques en ligne et médias sociaux, comme levier pour leurs projets.  Soutenir l’insertion professionnelle dans les quartiers, c’est renforcer le lien social et la confiance entre le bailleur social et ses publics. Au lendemain de la crise sanitaire et économique que nous traversons, ce nouveau rapport à l’insertion professionnelle est à mes yeux une vraie nécessité.