Histoires de jeunesses

Logirem

Ouvrir les yeux, ça donne des idées

Portrait : Karim, 24 ans

Après deux formations – un CAP pâtisserie, puis peintre en bâtiment –, Karim n’avait toujours pas trouvé sa voie. C’est en rencontrant un éducateur de l’ADDAP 13 que ce jeune passionné de dessin s’est engagé sur le projet « Le Passage », via un contrat avec le service civique. « Au-delà de la peinture, “Le Passage” m’a appris à m’ouvrir et être à l’écoute des différents intervenants qui nous ont encadrés. La suite de mon parcours, je ne la connais pas encore, mais ce projet m’a boosté et m’a donné de la curiosité et des repères qui vont m’aider pour avancer. »

 

«Jamais je n’aurais pensé faire quelque chose d’aussi grand!» Karim voit grand, en effet, quand il repense au projet. Le Passage. Grand comme les immenses pochoirs appliqués sur cette fresque monumentale de 40 mètres de hauteur. Grand surtout comme le chemin parcouru depuis douze mois dans le cadre de ce projet d’insertion par l’art à Bellevue, l’une des copropriétés dégradées les plus pauvres de

 

Marseille. Pour cet enfant de la cité phocéenne, comme pour cinq autres jeunes apprentis sous contrat avec le service civique, sa participation ving-six heures par semaine au projet va le marquer en profondeur.
Accompagné par la Fondation Logirem et porté par l’association Méta 2, qui utilise l’art comme outil pédagogique depuis vingt ans, Le Passage est avant tout un parcours d’expériences, d’apprentissages et de formations.

 

 

« Six jeunes apprentis en contrat avec le service civique ont été sélectionnés pour nous rejoindre dans le but de réaliser cette fresque gigantesque qui constitue l’épine dorsale de notre projet », explique Aurélie Masset, la directrice de Méta 2. « Nous les avons formés pendant douze mois à différentes pratiques artistiques, mais aussi à travers un accompagnement d’insertion autour de la construction de leur projet professionnel, par le biais d’ateliers, de formations, de rencontres et d’un voyage à Londres. En parallèle, une trentaine de jeunes ont également participé au projet sur des temps extra-scolaires. »

 

 

Historien, sociologues, artistes, entrepreneurs, journalistes... la liste des rencontres qui ont émaillé le parcours des jeunes est longue.

« On a travaillé avec une école, un centre social, avec des autistes d’un institut médico-éducatif, avec des artistes, comme le photographe Philippe Echaroux, mais aussi avec le journaliste Philippe Pujol... On en a fait des rencontres ! », poursuit Ben-Yazid. Réflexion, dialogue, ouverture d’esprit. Les objectifs du projet sont multiples :

« Nous avons voulu qu’ils réfléchissent à leur parcours à travers ce travail, poursuit Aurélie Masset, mais aussi qu’ils en expliquent la démarche auprès des habitants et des plus jeunes au cours de différents temps d’ateliers. L’idée, c’est de les valoriser, de les questionner, de les ouvrir, les bousculer dans leurs codes. De les rendre autonomes... »

 

 

Point d’orgue et soubassement du projet, la concrétisation de la fresque, laquelle représente un pissenlit – « symbole fort d’une plante résistante et qui pousse partout » – restera un moment intense partagé par tous, y compris les habitants qui ont vu les six apprentis peindre à vingt mètres de hauteur, perchés sur une nacelle.

 

Du côté de Logirem qui s’est chargé d’accueillir les jeunes sur le site, Julie Martini, la cheffe de projet de la Fondation Logirem, se félicite :

« C’est un projet innovant qui a du sens pour les jeunes et le territoire. Allier le côté culturel et artistique et, en même temps, permettre aux jeunes de se former, de s’ouvrir et de rencontrer des acteurs du monde professionnel et économique, c’est novateur et très fort ! Ça a créé de l’échange avec les jeunes mais aussi entre les habitants et Logirem. Et on donne aussi une autre image du bailleur aux locataires. »

 

Ben-Yazid poursuit : « Toutes ces rencontres, j’en garde un petit morceau. Je garde le meilleur de chacun, je le mets en moi. » Ousta, autre jeune apprenti, de conclure : « J’ai ouvert les yeux, ça m’a donné des idées. J’aimerais par la suite devenir entrepreneur dans le textile. Tout ce qu’on a vu, les rencontres qu’on a pu faire avec les entreprises, comme celle d’un directeur d’Orange, ça va m’aider, je vais m’appuyer dessus... » Des idées et des repères... parfois déterminants pour prendre son envol.